Face à un animal blessé ou malade : adopter les bons réflexes

4 octobre 2025

Pourquoi chaque geste compte pour un animal en détresse

La saison estivale et les périodes de chasse voient dans les Alpes-Maritimes une recrudescence d’animaux blessés ou malades, qu’il s’agisse de chats errants, de chiens fuguant la chaleur ou de faune sauvage victime de la route. En France, on estime que près de 6 000 animaux sauvages sont recueillis chaque année par des centres de soins uniquement à cause de collisions routières (LPO). Localement, les associations reçoivent quotidiennement des appels pour des animaux trouvés affaiblis, parfois non identifiés.

Mais une bonne intention peut, sans les bons gestes, aggraver la situation de l’animal ou même causer un accident. Cet article vous guide pas à pas pour agir efficacement, en restant protégé et en maximisant les chances de survie de l’animal.

Évaluer d’abord la situation : sécurité avant tout

Rester maître de ses émotions

Face à un animal en détresse, l’urgence émotionnelle prend souvent le dessus. Pourtant, il convient de :

  • Se poser quelques secondes pour observer, avant d’agir
  • Prioriser la sécurité – la vôtre, celle de l’animal et des autres usagers alentour

Se placer en sécurité

  • Sur la route : stationner en sécurité, allumer les warnings, placer un triangle de signalisation si besoin
  • Dans une zone résidentielle : éloigner les enfants, les animaux domestiques et alerter les voisins proches

Prudence face à certains animaux

Les animaux blessés sont imprévisibles, la douleur pouvant les pousser à mordre ou griffer, même les plus dociles. Rappel : ne touchez pas un animal sauvage directement, surtout s’il s’agit d’un sanglier, renard, oiseau de proie, ou même hérisson (risque de zoonoses et blessures graves).

Identifier l’animal et sa situation

Avant toute manipulation, tentez d’observer sans contact :

  • Nature de l’animal : domestique (chat, chien, lapin…) ou sauvage (oiseau, renard, chauve-souris, etc.)
  • Son état : conscient ou non, boitant, saignement visible, respiration anormale, signes de détresse (gémissements, halètements, posture étrange)
  • Présence de collier ou tatouage : tout indice d’identification aide pour la suite

Un chien errant dans la région PACA doit en principe être identifié depuis 2022. La loi et l’arrêté municipal de Nice prévoient une amende pour non-identification (Service Public).

Savoir qui contacter : l’importance de s’orienter au bon endroit

Pour un animal domestique

  • Chats ou chiens errants, blessés : contactez le service animalier de la commune (Nice : Allo Mairie 04 97 13 20 00), la fourrière municipale ou une association locale (GALA, Défense de l’Animal, SPA…).
  • Animal identifié (collier, puce) : si possible, amenez rapidement chez un vétérinaire (tout vétérinaire dispose d’un lecteur de puces et l’identification est gratuite).

Pour un animal sauvage

  • Oiseaux, hérissons, chauve-souris, renards, etc. : contacter le Centre de sauvegarde de la faune sauvage le plus proche. Dans les Alpes-Maritimes : LPO PACA, ou le Centre CAReSSE (Grasse – 07 81 55 92 00).
  • Animaux de ferme blessés : prévenir la mairie ou la gendarmerie, ils peuvent accéder au fichier des détenteurs d’animaux de type équidé ou bovin.

Evitez de garder l’animal chez vous sans avis professionnel, notamment un animal sauvage protégé (c’est illégal et risqué pour l’animal).

Premiers soins d’urgence : les gestes à connaître

L’Institut Français de Sauvetage Animalier offre un guide des gestes vitaux (IFSA). Voici les principaux, à adapter à la situation :

  • Immobiliser l’animal : Utilisez une couverture, serviette ou carton pour limiter ses mouvements, sans l’étouffer ; évitez le contact direct avec un animal sauvage ou inconnu.
  • Blessure ouverte : S’il saigne abondamment, exercez une pression douce avec tissu propre – n’injectez jamais d’antiseptique sur une plaie infectée sans avis vétérinaire.
  • Animal inconscient : Vérifiez sans danger s’il respire. Si non, massez très délicatement le thorax (chez un petit animal uniquement).
  • Ne pas donner à boire ou manger à un animal blessé ; cela peut gêner une éventuelle opération.

Les manipulations sont à faire seulement en cas d’extrême nécessité ; toute mauvaise manipulation peut aggraver la blessure ou le stress.

Cas concrets : animaux blessés fréquemment rencontrés sur le territoire

Chats et chiens errants en ville

Avec près de 80 000 chats errants estimés dans les Alpes-Maritimes (source : 30 Millions d’Amis), il n’est pas rare de croiser un félin en mauvaise posture. Beaucoup souffrent de blessures par voiture, bagarre ou maladie non soignée. Les chiens, moins nombreux, sont souvent issus de fugues ou d’abandons (pas moins de 16 000 animaux abandonnés chaque été en France selon la Fondation Brigitte Bardot).

  • Chat mal en point : éviter de le toucher si possible, placer doucement une boîte ou une serviette et appeler une association de protection animale.
  • Chien blessé : Parlez doucement, rassurez, tentez d’attacher avec une laisse ; préférez la laisse coulissante à la cordelette (risque d’étranglement).

Oiseaux et faune sauvage

Les centres de soins de la région reçoivent régulièrement des martinets tombés d’un toit (fréquent dans le centre de Nice), des hérissons accidentés ou des chauve-souris affaiblies. La faune urbaine souffre notamment de la circulation et du béton, mais aussi des filets de protection et fenêtres visibles (Faune-PACA).

  • Oiseau au sol, immobile mais conscient : Placez-le dans un carton fermé, non hermétique, sans bruit, jusqu’à ce qu’un professionnel prenne le relais.
  • Oiseau brisé ou saignant : N’intervenez pas sur l’aile, ne tentez ni bandage ni attelle inutile ; appelez rapidement un centre LPO.
  • Hérisson visible en journée : C’est un signe de soucis ; prenez-le avec des gants, déposez-le dans une boîte percée et contactez le centre CAReSSE rapidement.

Les erreurs fréquentes… et comment les éviter

  • Prendre un animal chez soi trop longtemps : Même avec de bonnes intentions, il peut développer des maladies (gale, teigne, typhus…) ou être porteur de puces résistantes. De plus, la loi interdit la détention de certaines espèces.
  • Administrer des médicaments humains : Jamais d’aspirine, doliprane, ou autre destiné à l’humain ! Les paracétamol, ibuprofène et stéroïdes sont mortels pour un chat ou un chien même à faibles doses (CAPAE).
  • Nourrir un animal sauvage : Cela perturbe parfois sa convalescence et peut entraîner une fausse route chez un animal affaibli.
  • Tarder à agir : Chaque minute compte, surtout en cas de traumatisme crânien ou de plaie profonde.

Comment participer à la chaîne d’entraide animale locale ?

Dans les Alpes-Maritimes, plusieurs réseaux citoyens existent pour amplifier la veille et l’action.

  • Signalement en ligne : Plateformes comme Urgence Faune permettent de géolocaliser un animal trouvé, utile notamment pour les espèces protégées.
  • Groupes Facebook de quartier : Relais rapide d’informations sur des animaux trouvés (exemples : Animaux Perdus / Trouvés 06, Protection Animale Nice Côte d’Azur).
  • Affichage en boulangerie, mairie, cabinet vétérinaire : Toujours utile, notamment pour un animal identifié ou suspecté de l’être.

Participer c’est aussi relayer ces gestes autour de soi : trop de personnes hésitent encore à se saisir du téléphone, convaincues à tort qu’"on ne peut rien faire". C’est faux : la rapidité de l’alerte fait souvent la différence.

Agir, c’est aussi prévenir : comment limiter les situations d’animaux blessés ?

  • Sensibilisation citoyenne : Rappeler à son entourage l’importance des campagnes de stérilisation, porter attention aux alertes canicules ou tempêtes (nombreux animaux domestiques s’échappent lors d’orages soudains).
  • Signaler les points noirs : Carrefour accidentogène, zone à hérissons, point d’eau abandonné… ces signalements aident les associations à cibler leurs actions. Exemple : la pose de barrières de sécurité près du Paillon, suite à une série d’accidents de chats signalés par des riverains.
  • Encourager l’identification : À Nice, la majorité des chiens et chats recueillis n’ont aucune puce électronique (ICAD). Or, un animal identifié a 40 fois plus de chances de retrouver son propriétaire.

Pistes d’implication et d’information régionale

L’information est souvent le chaînon manquant entre le citoyen et l’action. Voici quelques outils pour prolonger votre engagement :

  • Site de GALA : Agenda des campagnes de sensibilisation, contacts et signalements
  • LPO PACA : Recensement des centres de soins pour la faune sauvage
  • SPA de Nice : Accueil des animaux domestiques trouvés, conseils aux particuliers
  • Fichier national ICAD : Vérifier l’identification d’un animal errant

En vous informant et en osant intervenir, vous devenez un maillon clef de la protection animale locale. Plus notre territoire comptera de témoins éclairés et organisés, mieux les animaux – qu’ils soient de compagnie ou sauvages – pourront espérer survivre à la malchance et à l’indifférence.

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