Déchets : une menace silencieuse pour les animaux près de chez nous

18 octobre 2025

Des ordures aux urgences vétérinaires : comment les déchets mettent les animaux en danger

À Nice et dans toute la région, les caniveaux, trottoirs et espaces naturels accumulent déchets et détritus de toute sorte. Derrière cet apparent désordre, des risques majeurs menacent la faune urbaine et nos compagnons domestiques. Chaque année, la presse locale relaie des cas de chats, de chiens ou d’oiseaux secourus de justesse après avoir été victimes de nos poubelles oubliées sur la voie publique, de sacs plastiques envolés ou de déchets alimentaires.

Les déchets sont aujourd’hui identifiés comme l’une des principales causes de blessures et de maladies chez les animaux errants (source : Fondation 30 Millions d’Amis, Rapport 2023). Pourtant, leur présence pourrait être réduite par une vigilance accrue et quelques réflexes simples à adopter en communauté.

Quels déchets représentent un danger particulier pour les animaux ?

Certains déchets doivent particulièrement nous alerter par leur dangerosité potentielle. Ils ne constituent pas des menaces anodines, loin s’en faut.

  • Les sacs et films plastiques : Facilement ingérés ou inhalés, ils provoquent occlusions et étouffements, en particulier chez les chats et les oiseaux. À Nice, le centre de soins pour la faune sauvage « L’Île aux Oiseaux » traite chaque mois plusieurs cas d’animaux asphyxiés ou dénutris à cause du plastique.
  • Les restes alimentaires avariés ou toxiques : Un simple trognon de pomme, un noyau d’avocat, des chocolats oubliés dans un sac poubelle éventré peuvent devenir de véritables poisons pour les chiens et chats attirés par l’odeur. Selon l’Ordre National des Vétérinaires, plus de 3 000 intoxications alimentaires sont recensées chaque année en France chez des animaux domestiques du fait de l’accès à ces résidus.
  • Les ustensiles de cuisine jetés dans la rue : Pics, couteaux, barquettes en aluminium, mais aussi hameçons oubliés, coupent ou transpercent pattes, museaux et gorges. Les vétérinaires de la Clinique Animalière du Port, à Nice, rapportent qu’une majorité de blessures de pattes chez les chiens errants provient de canettes, tessons ou objets métalliques dans les zones de pique-nique.
  • Les mégots et capsules de bière : Leurs composants chimiques (nicotine, goudrons, aluminium) sont dangereux en ingestion pour la quasi-totalité des animaux. Un mégot dans une bouche d’égout peut suffire à contaminer l’eau potable d’un oiseau ou à empoisonner un chat errant.
  • Les filets et emballages en plastique : Les anneaux de packs de bière, filets de fruits ou scotch d’emballage piègent têtes et membres des petits mammifères ou oiseaux jusqu’à la mort par étranglement ou mutilation.

Les conséquences concrètes : blessures, maladies, perte de biodiversité

Les blessures internes et externes

Un animal qui s’aventure dans une poubelle ou s’attaque à un sac peut se couper, s’embrocher ou avaler des objets tranchants non comestibles. À Nice, le refuge SPA a signalé en 2022 que près de 20 % des admissions d’animaux errants souffraient de blessures dues à des déchets humains, avec une prédominance pour les pattes lacérées (source : SPA Nice, rapport annuel 2022).

Les intoxications alimentaires

Les cas d’intoxications sont en hausse constante. En 2023, la Clinique Vétérinaire Riquier relate avoir traité en urgence deux chiens victimes de crises convulsives après avoir mangé des restes de gâteaux au chocolat jetés près du port de Nice. La société centrale canine rappelle que le chocolat, les oignons, le raisin, mais aussi la moisissure des déchets alimentaires, sont mortels pour nombre d’animaux.

La suffocation et la mort lente

En zone urbaine, il n’est pas rare que de jeunes oiseaux ou écureuils finissent coincés dans des gobelets en plastique ou étranglés dans des filets. Selon BirdLife, plus de 600 espèces d'oiseaux ingèrent ou s’emmêlent dans des déchets plastiques chaque année sur le pourtour méditerranéen.

Pollution des milieux naturels et chaîne alimentaire

Les déchets ne concernent pas que les animaux visibles. Le long de la Promenade du Paillon ou du Var, la pollution plastifiée contamine les rivières et rejoint la mer, affectant poissons, amphibiens et, par bioaccumulation, toute la chaîne alimentaire – y compris nos animaux domestiques qui consomment poissons ou viandes issues de ces milieux pollués.

Une réalité documentée localement : quelques chiffres pour Nice et la région PACA

  • Près de 1,5 tonne de déchets est ramassée chaque jour sur la seule Promenade des Anglais (source : Métropole Nice Côte d’Azur, 2022).
  • Un chien sur 4 accueilli par la SPA Nice en 2022 présentait des signes d’intoxication ou de blessure liée à des déchets humains (rapport SPA Nice, 2022).
  • En 2021-2022, trois cas d’étouffement mortel sur hérissons causés par des canettes ou des pots de yaourt ont été recensés par un collectif local « Hérissons du Midi ».
  • D’après le rapport de l’association Green Cross, 80 % des oiseaux trouvés morts dans le Vieux-Nice avaient ingéré plastique, élastiques, ficelles ou bandes métalliques.

Témoignage local : les coulisses d’une intervention d’urgence

Lors d’une maraude nocturne en octobre 2023, des bénévoles du GALA ont repéré un chat errant affaibli près d’un container à déchets. L’animal présentait des signes de suffocation et s’était « accroché » dans un sac en plastique avec serrage autour du cou. Alertés, les secours animaliers sont intervenus. Le chat a pu être sauvé, non sans de lourdes séquelles respiratoires. Il s’agit hélas d’une situation fréquemment rencontrée, loin d’être isolée, pire encore dans les endroits où la propreté urbaine est peu respectée.

Comportements à risques et mauvaises habitudes du quotidien

Ce ne sont pas seulement les dépôts sauvages ou les décharges qui sont en cause :

  • Laissés-pour-compte d’un pique-nique : trognons de fruits, restes de barquettes plastiques, os et sachets de chips, abandonnés à quelques pas des bancs publics.
  • Dépôts de sacs poubelle ouverts la veille du ramassage, attirant chiens, chats et rats, qui éventrent et dispersent les déchets.
  • Jet de mégots, chewing-gums et capsules de bière dans les squares ou sur les plages.
  • Emballages de fast-food glissés sous un banc ou dans la végétation.

Des gestes, souvent anodins pour celui qui s’en débarrasse sur le moment, qui se transforment en véritables pièges pour tous les animaux du voisinage.

Des solutions et alternatives locales pour diminuer les risques

Prendre soin de nos déchets : les gestes concrets à adopter

  • Bien fermer et protéger ses sacs-poubelle jusqu’au ramassage. Si possible, utiliser des conteneurs fermés : cela limite l’accès aux animaux et facilite la collecte.
  • Ramasser après chaque sortie sur les plages, parcs ou lieux publics, même un simple mégot ou canette. Participer à des opérations « zéro déchet » : la Métropole Nice Côte d’Azur en organise régulièrement (voir leur site officiel).
  • Sensibiliser autour de soi : expliquer pourquoi certains déchets alimentaires (chocolat, avocat, os cuits) sont des poisons pour les animaux, même à petite dose.
  • Remplacer les sacs et contenants plastiques par des matières biodégradables ou réutilisables.
  • Recycler et rapporter en déchetterie tous les objets tranchants ou blessants – verres, seringues, boîtes de conserve ouvertes, etc. Les recycler réduit la probabilité qu’ils terminent dans la nature.

Agir collectivement

  • Signaler une accumulation de déchets ou une zone à risque via Allo Mairie ou sur le site de la Métropole : des équipes interviennent rapidement.
  • Participer à des actions locales (ramassage citoyen, information dans les écoles, ateliers d’éducation à la propreté).
  • Informer et motiver les commerçants et restaurateurs pour qu’ils sécurisent mieux leurs déchets, notamment dans les quartiers touristiques et aux abords des marchés.

Un défi de société à relever ensemble

Les déchets que nous générons, les habitudes que nous adoptons, impactent la vie animale à chaque coin de rue, du centre-ville à la campagne voisine. Les chiffres régionaux et les interventions associatives le montrent : l’implication de chacun, loin d’être anodine, fait toute la différence. En transmettant les bons gestes, en refusant la banalisation des déchets jetés « vite fait », nous protégeons directement les chats, chiens, oiseaux, hérissons et autres espèces qui partagent notre environnement proche.

L’expérience montre que les solutions existent, à portée de main de chaque citoyen et chaque professionnel. Sur notre territoire comme ailleurs, être attentif à la gestion des déchets, c’est aussi agir pour la santé et la survie des animaux les plus vulnérables. Il ne tient qu’à nous de transformer cette prise de conscience en habitudes concrètes et bienveillantes.

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