Que devient un animal trouvé : le temps passé en fourrière expliqué

Chaque semaine en France, et plus particulièrement sur la Côte d’Azur, des chats, des chiens mais aussi des animaux plus rares se retrouvent en fourrière, découverts errants ou perdus dans nos communes. La fourrière, souvent redoutée car symbole de rupture et d’incertitude, joue pourtant un rôle crucial : protection, identification, et parfois première étape vers une nouvelle vie.

Mais beaucoup s’interrogent : combien de temps concrètement un animal trouvé peut-il rester en fourrière ? Quels sont les enjeux pour les propriétaires, les associations et le public ? Et que risquent ces animaux à chaque étape ? Une question d’autant plus brûlante dans le contexte local où chaque été, les abandons explosent (plus de 100 000 en France selon la SPA, dont un tiers pendant la période estivale – SPA).

En France, la gestion des animaux errants relève d’un cadre strict défini par le Code rural et de la pêche maritime (article L211-25). Dès leur arrivée en fourrière, chiens et chats bénéficient d’une période de “garde” légale. Ce délai est le même sur tout le territoire, y compris dans la métropole niçoise :

• 8 jours ouvrés et francs (soit généralement autour de 10 à 12 jours calendaires en tenant compte des week-ends et jours fériés).

Ce délai débute dès l’arrivée effective de l’animal en fourrière, moment crucial qui doit être consigné avec la plus grande précision. Si l’animal est identifié (par puce ou tatouage), la fourrière doit contacter le propriétaire sans délai.

À noter : “jours ouvrés et francs” signifie que l’on compte les jours effectivement travaillés par la fourrière, auxquels s'ajoute une journée de sécurité.

L’entrée d’un animal en fourrière est souvent source d’angoisse pour ses proches comme pour les citoyens témoins. Voici comment se déroule, en pratique, le parcours type d’un chien ou d’un chat trouvé sur la voie publique :

1. Signalement : Un particulier ou la police municipale découvre l’animal, parfois blessé ou désorienté, et prévient la fourrière.
2. Premiers soins : L’équipe vérifie la présence d’une identification et évalue l’état de santé ; le cas échéant, un vétérinaire est consulté en urgence.
3. Recherche du propriétaire : Si l’animal est identifié, tout est mis en œuvre pour contacter ses responsables (appel, lettre recommandée).
4. Affichage : Pour chaque animal recueilli, la fourrière doit publier un avis de prise en charge (à la mairie, parfois sur internet).
5. Délai de garde légal : Pendant 8 jours ouvrés, l’animal ne peut être ni cédé, ni euthanasié, sauf en cas de souffrance extrême.
6. Sortie de fourrière : Passé ce délai, sans réclamation du propriétaire, l’animal est considéré comme “abandonné” et le centre peut orienter sa prise en charge : adoption, transfert à une association, ou euthanasie en ultime recours.

En 2023, selon le Ministère de l’Agriculture, 38 000 chiens et plus de 86 000 chats ont transité par une fourrière en France. Dans les Alpes-Maritimes, la fourrière animale intercommunale de Nice a accueilli près de 2 000 animaux sur l’année – dont environ 70 % des chats et 25 % des chiens restitués à leur propriétaire grâce à leur identification (source : Ville de Nice / Nice Matin).

• À l’échelle nationale, seuls 29% des chats en fourrière retrouvent leur famille (contre 67% des chiens).
• Moins de 10% des chiens de fourrière en région PACA sont euthanasiés, la grande majorité étant adoptés ou transférés à des refuges partenaires.

Preuve de l’importance d’identifier systématiquement ses animaux (puce ou tatouage), et d’intervenir vite après une disparition.

La sortie de fourrière n’a pas la même signification selon la situation :

• Si le propriétaire est retrouvé : Il peut venir récupérer son animal à tout moment, contre paiement éventuel des frais de garde et de soins. La restitution doit être rapide, la loi favorisant les liens de familiarité.
• Si aucun maître ne se manifeste : L’animal est déclaré “abandonné”, et la commune ou l’intercommunalité peut en disposer. Elle confie alors quasi systématiquement l’animal à une association de protection animale ou à un refuge, qui entame un parcours d’adoption.
• Ultime recours : Dans de très rares cas (animal malade incurable, agressivité extrême), l’euthanasie est pratiquée, selon un protocole strictement encadré. En région niçoise, elle reste l’exception grâce au réseau dense d’associations et de refuges.

À noter : en France métropolitaine, moins de 7% des chiens et 14% des chats passant par la fourrière sont euthanasiés (chiffres Ministère de l’Agriculture, 2022).

Certains animaux sont des “cas complexes” : chiens catégorisés (de type “garde” ou “attaque”), NAC (nouveaux animaux de compagnie), animaux non identifiables… La durée légale reste la même, mais la réalité est parfois plus nuancée :

• Animaux non identifiés : Le délai s’applique pareillement. L’absence de puce ne prolonge pas la garde, d’où l’importance d’agir dès la disparition constatée.
• Animaux blessés, âgés ou peureux : Les associations locales de Nice, comme GALA, interviennent en médiation avec les fourrières pour trouver des solutions personnalisées (families d’accueil, vétérinaires partenaires…).
• Animaux jugés dangereux ou de races réglementées : Leur sortie peut nécessiter un avis vétérinaire ou une procédure spéciale, parfois plus longue. Dans la région, chaque année, moins de 10 chiens sont euthanasiés pour dangerosité (Nice.fr).

Le facteur temps est déterminant pour l’avenir d’un animal en fourrière. Quelques bonnes pratiques, à appliquer dans la région niçoise ou ailleurs :

1. Dès la disparition : Prévenez aussitôt l’I-CAD (www.i-cad.fr), la fourrière municipale, les vétérinaires voisins et lancez des alertes sur les réseaux sociaux.
2. En cas de découverte : Ne prenez aucun risque, isolez l’animal si possible, contactez la police municipale ou la fourrière ; évitez de déplacer l’animal sans autorisation.
3. Pour les associations : Placez une fiche descriptive et diffusez l’annonce à un maximum d’organismes, y compris la Mairie, la Police Municipale et les pages Facebook locales.
4. En fourrière : Présentez pièce d’identité et justificatif de propriété. Préparez-vous à régler des frais de garde si le délai s’est étendu (tarifs variables, souvent entre 50 et 120 euros sur Nice).

Dernier conseil pratique : ne jamais attendre en pensant que l’animal va “rentrer tout seul”. Les 48 premières heures sont décisives : passé ce laps de temps, les chances de retrouver le propriétaire chutent de plus de 50% (source : ICAD).

La réalité de la fourrière, souvent méconnue, n’est ni simple ni dichotomique. Si la procédure apparaît rigide, c’est avant tout pour garantir une équité et une traçabilité indispensables. Mais sur le terrain, à Nice comme ailleurs, ce sont l’engagement des agents, le maillage avec les refuges, et la vigilance citoyenne qui font la différence.

Renforcer l’identification systématique, outiller les familles à agir vite, et soutenir les efforts des associations locales sont les clés pour améliorer les taux de retour et sauver toujours plus d’animaux.

Dans le département, plusieurs succès sont à souligner : l’identification obligatoire des chats dans le 06, l’ouverture de plateformes en ligne pour signaler ou retrouver un animal, et la multiplication des campagnes de sensibilisation. Ces avancées invitent à repenser la fourrière non seulement comme étape obligatoire, mais comme point de passage vers une prise en charge plus juste et plus humaine.

L’avenir passe par l’implication de tous : propriétaires conscients, collectivités réactives, et citoyens solidaires.