Accueillir un animal trouvé : droits, devoirs et bonnes pratiques

24 septembre 2025

Un animal trouvé : situation courante, mais rarement simple

Dans la région de Nice comme ailleurs, il n'est pas rare de croiser un animal errant ou manifestement perdu : chat maigrelet qui erre parmi les voitures, chien apeuré au détour d’un sentier, ou encore oiseau blessé dans un jardin. Chaque année en France, plus de 100 000 animaux domestiques sont abandonnés selon la Fondation 30 Millions d’Amis, un record national peu enviable (source : 30millionsdamis.fr).

Face à cette détresse, beaucoup ont le réflexe d’offrir un abri immédiat, parfois durable. Mais la question qui se pose alors est la suivante : a-t-on le droit de garder un animal trouvé, ou doit-on obligatoirement engager d’autres démarches ? Comprendre le cadre légal et les enjeux pratiques s'avère crucial, tant pour la protection de l'animal que pour vous protéger en tant que particulier.

Que dit la loi sur un animal trouvé ?

En France, la législation distingue deux grandes situations : l’animal trouvé sur la voie publique et l’animal trouvé sur une propriété privée. Dans tous les cas, le Code Civil considère l’animal domestique comme « bien meuble » (art. 528), ce qui signifie qu’il a un propriétaire, même s'il est perdu ou errant.

  • L’obligation de déclaration : Toute personne qui trouve un animal domestique identifié (puce, tatouage, collier) doit signaler la découverte « sans délai » :
    • Au maire de la commune (ou à la police municipale)
    • À la fourrière animale locale (service obligatoire dans chaque commune de plus de 2000 habitants, source : service-public.fr)
    • Ou à un vétérinaire pour identification
  • Si l’animal est identifié : Il doit être restitué à son propriétaire dans les plus brefs délais.
  • Si l’animal n’est pas identifié : Il doit être remis à la fourrière municipale, qui conserve l’animal pendant 8 jours ouvrés. Passé ce délai, si le propriétaire ne s'est pas manifesté, l’animal peut être proposé à l’adoption via un refuge.

Garder un animal trouvé sans effectuer de déclaration officielle est considéré comme une appropriation illégale (art. 227-20 du Code Pénal, source : legifrance.gouv.fr), pouvant être assimilée à un recel, même si vos intentions sont bonnes.

Peut-on garder un animal trouvé chez soi ? Les conditions à respecter

Si la loi impose de signaler l’animal, elle ne vous interdit pas systématiquement de le garder chez vous, mais à titre de famille d’accueil temporaire durant le délai légal de recherche du propriétaire.

  1. Faites lire la puce électronique chez un vétérinaire : Près de 70 % des chiens et 40 % des chats trouvés dans les Alpes-Maritimes ne sont pas identifiés (source : SPA de Carros). Le vétérinaire procède à la lecture gratuitement.
  2. Signalez officiellement la découverte : - Mairie, police municipale ou fourrière - Déclaration sur www.icad.fr (fichier national d'identification) - Publication d’annonces sur PetAlert, Filalapat ou réseaux sociaux locaux
  3. Accueillez l’animal temporairement : Si la fourrière est saturée ou éloignée, la mairie peut autoriser — ou tolérer — qu’un particulier héberge l’animal durant le délai d’attente. Dans les faits, cela arrive fréquemment faute de places.
  4. Délai légal de garde : Au bout de 8 jours ouvrés (quand l’animal n’est pas identifié et qu’aucun propriétaire ne s’est manifesté), la fourrière ou la mairie peut permettre l’adoption officielle. Avant ce délai, aucune "adoption" ne peut être actée légalement.

Retenez bien : accueillir = héberger, pas adopter, tant que le délai légal n’est pas écoulé. Toute adoption anticipée vous expose à devoir restituer l’animal si le propriétaire se fait connaître.

Démarches concrètes à suivre quand on trouve un animal à Nice ou alentours

  • Où signaler ?
    • Police municipale, mairie (Nice : 04 97 13 20 00)
    • Fourrière animale de Nice Côte d’Azur (04 92 08 13 89)
    • SPA (Carros), Association GALA, refuges locaux…
    • Vétérinaires partenaires (liste sur mairie-nice.fr)
  • Comment faciliter la recherche du propriétaire ?
    • Affiches dans le quartier, commerces, vétérinaires
    • Posts géolocalisés sur Facebook, Nextdoor, PetAlert06
    • Signalement à la radio locale (France Bleu Azur propose ce service)

Dans notre région, chaque mois, de nombreux chats et chiens retrouvés sont réclamés sous 48h lorsque l’information circule largement – un gage d’efficacité démontré !

Si l’animal est blessé : que faire ?

  • Obtenez en priorité des soins vétérinaires. Les vétérinaires doivent assurer les soins d’urgence aux animaux errants, sans attendre l’accord d’un propriétaire (Art. L-214-2 du Code Rural).
  • Les frais peuvent être avancés par la mairie, la fourrière, ou pris en charge par certaines associations en cas d’animaux errants non identifiés. Renseignez-vous.

Anecdotes et cas concrets du territoire

Régulièrement, des particuliers s’attachent à un animal trouvé, désespérant à l’idée de le confier à la fourrière : c’est humain, surtout quand il s’agit d’un chaton abandonné ou d’un chien âgé affaibli. Mais ces situations peuvent se retourner contre le bienfaiteur.

  • « Garder » un animal sans démarches administratives : cas d’une famille de Saint-Isidore ayant recueilli un petit chien blessé ; déclaration tardive, mais par chance propriétaire retrouvé grâce au tatouage le cinquième jour. Aucun problème – mais si la déclaration avait tardé davantage, ils auraient risqué une procédure (source : témoignage recueilli localement, 2023).
  • Mise en cause d’une adoptante spontanée : une habitante d’Aspremont avait « adopté » une chatte au collier usé, pensant à un abandon. Trois semaines plus tard, le véritable propriétaire a reconnu sa chatte via une annonce Facebook, réclamant sa restitution. D’où l’importance de respecter le délai légal (source : GALA, suivi de dossier).
  • Chats « semi-errants » : souvent nourris par plusieurs voisins, leur statut est plus flou. Il reste conseillé de discuter dans le voisinage avant toute démarche d’adoption ou d’enfermement. 80% des chats errants à Nice étaient avant tout des chats domestiques ayant fui ou été laissés dehors longtemps (source : Ville de Nice/2022).

Risques à connaître en gardant un animal trouvé

  • Juridiquement : en cas de restitution tardive ou refus de restituer l’animal à son propriétaire légitime, des poursuites pour recel ou vol peuvent théoriquement être engagées, même si cela reste rare pour les particuliers agissant de bonne foi (source: Fondation Droit Animal).
  • Sanitairement : l’animal trouvé peut être porteur de parasites, maladies infectieuses (FIV, parvovirose, leucose). Un passage chez le vétérinaire est indispensable avant tout contact prolongé avec d’autres animaux ou enfants. Selon l’Ordre des vétérinaires PACA : près d’1 chat errant sur 5 dans la Métropole testé en 2021 était porteur du typhus félin.
  • Socialement : des conflits de voisinage naissent parfois lorsqu’un animal, en réalité identifié ou simplement « rôdeur », est considéré comme « adoptable » par un voisin un peu trop prévenant.

Si vous souhaitez adopter un animal trouvé : les bonnes démarches

  • Respectez scrupuleusement le délai légal d’identification et de recherche du propriétaire.
  • Demandez à la mairie, à la SPA ou à une association locale comment procéder à une éventuelle adoption officielle (contrat d’adoption, mise à jour des fichiers ICAD).
  • Prévoyez une visite vétérinaire complète, vaccination et identification à votre nom.
  • N’hésitez pas à solliciter des associations pour devenir « famille d’accueil » pendant la transition (nombreuses associations partenaires à Nice).

Dans de nombreux cas, la SPA locale ou la fourrière propose aux particuliers hébergeant temporairement l’animal de finaliser l’adoption, une fois le délai légal passé et l’animal non réclamé.

Et pour la faune sauvage ?

Beaucoup pensent pouvoir « sauver » un oiseau tombé du nid ou un hérisson blessé… mais la réglementation est plus stricte concernant la faune sauvage. Il est interdit de détenir chez soi un animal sauvage sans autorisation. En cas de découverte, contactez le Centre de Sauvegarde de Faune Sauvage (par exemple le CEDAF à Antibes) : ils sont habilités à prendre en charge ces animaux protégés.

  • Précision : selon le Code de l’Environnement, garder un animal sauvage sans autorisation expose à une amende jusqu’à 15 000 € (art L-415-3).
  • En cas de doute, privilégiez la sécurité de l’animal et demandez conseil à la LPO PACA ou GALA.

Pourquoi signaler et héberger n'est pas "trahir" l'animal

On comprend la réticence à confier un animal trouvé à la fourrière ou à la mairie : la crainte de l’euthanasie, d’une adoption malheureuse, ou du stress subi par l’animal est bien réelle. Pourtant, ces dispositifs existent pour garantir que tout animal retrouve prioritairement son foyer (et, s’il est abandonné ou maltraité, une nouvelle chance auprès de familles responsables).

  • À Nice et dans les grandes communes des Alpes-Maritimes, la quasi-totalité des animaux identifiés et signalés officiellement parviennent à retrouver leur propriétaire dans les temps légaux (source : Ville de Nice, bilan 2022).
  • Les euthanasies en fourrière restent marginales et concernent avant tout des animaux gravement malades, dangereux, ou blessés sans espoir de rémission (moins de 3 % des chiens, moins de 7 % des chats accueillis en fourrière sur la Métropole Nice Côte d’Azur en 2021, source : Rapport d'activité Métropole NCA).
  • Le signalement est aussi une protection pour la personne accueillant l’animal : vous n’êtes ni responsable d’éventuels antécédents (morsure, maladie non connue…), ni susceptible d’être accusé de vol.

Ouvrir la réflexion : cohabiter et agir, localement

La rencontre « fortuite » avec un animal perdu est à la fois une épreuve et une opportunité de solidarité locale. Comprendre le cadre légal n’enlève rien à la compassion ou à l’envie d’agir : au contraire, cela vous donne les moyens de protéger véritablement l’animal, son éventuel propriétaire, et vous-même.

On retiendra qu’un simple signalement officiel, accompagné d’un accueil temporaire si besoin, suffit souvent à offrir à l’animal une issue heureuse. Pour celles et ceux qui souhaitent aller plus loin, s’appuyer sur le tissu associatif, devenir « famille d’accueil » ou participer aux campagnes d’information locale est le meilleur moyen de rendre service à la cause animale… sans prendre de risques.

En partageant des informations claires et des solutions adaptées, chacun contribue à une communauté plus respectueuse et efficace dans la défense des animaux – ceux qui vivent parmi nous ou croisent nos routes.

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