Animal trouvé dans la rue ou la nature à Nice : que dit la loi et que faire concrètement ?

9 octobre 2025

Animaux trouvés : données clés et réalité du terrain

En France, plus de 100 000 animaux domestiques sont abandonnés chaque année (source : SPA, 2023), en majorité des chats. Dans les Alpes-Maritimes, que ce soit en ville ou à la campagne, la présence d’animaux errants est une réalité quotidienne. En 2022, la mairie de Nice a reçu plus de 300 signalements d’animaux errants ou blessés selon Nice-Matin.

La loi distingue :

  • les animaux domestiques (chiens, chats, NAC…)
  • les animaux de compagnie perdus ou supposés abandonnés
  • la faune sauvage

Qu’il s’agisse d’un chaton échappé, d’un chien "sans maître" ou d’un oiseau en détresse, le cadre légal – et le parcours à suivre – diffèrent.

Obligation n°1 : que faire en priorité lors de la découverte d’un animal ?

Au premier abord, il s’agit de garantir la sécurité de l’animal… et la vôtre. Quelques gestes simples sont à privilégier :

  • L’approcher doucement, sans gestes brusques, et éviter de provoquer un stress supplémentaire.
  • Ne jamais se mettre en danger (risque de morsure, griffure ou accident sur la voie publique).
  • Limiter sa fuite en gardant une distance, et si possible, sécuriser la zone.

La loi impose d’agir et de ne pas détourner le regard, en particulier si la vie de l’animal semble menacée. Ignorer un animal blessé pourrait être assimilé à une mise en danger d’autrui (l’animal étant, selon le Code civil, un être vivant doué de sensibilité).

L’identification : un passage clé

L’article L211-20 du Code rural précise qu’« il est interdit de laisser divaguer les chiens et les chats ». Tout chien ou chat identifié (puce électronique ou tatouage) reste aujourd’hui la méthode la plus fiable pour retrouver un propriétaire dans les Alpes-Maritimes. Selon l’I-CAD, 89 % des chiens et seulement 58 % des chats retrouvés portaient effectivement une identification en 2022 à l’échelle nationale.

Si l’animal de compagnie trouvé porte un collier avec médaille ou une puce, il est obligatoire :

  • De vérifier la présence d’une identification visible (numéro, coordonnées…)
  • De conduire l’animal chez un vétérinaire, à la police municipale ou à un refuge susceptible de lire la puce électronique (la procédure est gratuite)
  • De contacter la mairie locale ou la fourrière animalière compétente

L’identification permet en général de retrouver le propriétaire ou d’établir le statut d’abandon : un enjeu majeur, car le « pur abandon » est puni jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende (article 521-1 du Code pénal).

Démarches légales suivant le type d’animal trouvé

1. Animal domestique identifié

L’article 1243 du Code civil rend le propriétaire responsable de l’animal, même s’il s’est échappé. Si vous retrouvez le propriétaire, la restitution est obligatoire sauf suspicion de maltraitance (auquel cas, alerter la police ou une association agrée).

Faute d’identification ou en l’absence de propriétaire joint, direction la mairie ou la fourrière : c’est elle qui prend officiellement le relai. À Nice, la fourrière municipale est habilitée à recueillir chats et chiens trouvés sur le domaine public ou privé communal.

2. Animal domestique non identifié

Là encore, la première étape officielle est le signalement en mairie, au commissariat le plus proche ou à la fourrière. Garder l’animal chez soi improvisé, même quelques jours, expose à être considéré comme receleur (article 227-24 du Code pénal), sauf si accord des autorités.

  • La fourrière attend 8 jours ouvrés pour permettre la revendication ou l’identification du propriétaire (art. L211-25 du Code rural).
  • Passé ce délai, l’animal peut être cédé à une association ou adopté, si son état de santé le permet.

Dans la pratique, certaines associations locales (comme la SPA ou GALA) recueillent temporairement ces animaux, en lien avec la mairie, pour éviter l’engorgement des structures de la Ville de Nice.

3. Faune sauvage

L’approche change radicalement pour la faune sauvage (hérissons, oiseaux…)

  • Interdiction stricte de garder ces animaux chez soi sans autorisation : la détention illégale d’animaux protégés est passible de lourdes sanctions (jusqu’à 150 000 € d’amende).
  • S’adresser en priorité au Centre de sauvegarde de la faune locale, ou appeler l’Office français de la biodiversité (OFB).
  • Seules les personnes habilitées peuvent légalement s’occuper de ces animaux blessés.

Sur la Côte d’Azur, le Centre régional de sauvegarde de la faune sauvage PACA (https://www.lpo.fr) est de référence.

Signalement et traces écrites : une précaution à ne pas négliger

Déposer une annonce auprès de la mairie, transmettre un signalement sur Filalapat ou PetAlert (base nationale : https://www.i-cad.fr), et publier un avis sur les réseaux sociaux locaux sont des actions complémentaires… mais ne remplacent pas la déclaration légale auprès des autorités.

En cas de doute, un mail à la police municipale ou à la mairie permet d’établir une preuve de votre démarche : une précaution non négligeable si l’animal est blessé, ou si son propriétaire venait à contester une adoption ultérieure.

Des applications et groupes Facebook de la région niçoise sont aujourd’hui de véritables relais, mais ne résolvent pas la question légale de la restitution.

Refuser la passivité : que risque-t-on à détourner le regard ?

Ne pas rompre l’indifférence face à un animal errant n’est pas neutre. Sur le plan légal :

  • L’abandon d’un animal est considéré comme un acte de cruauté et lourdement sanctionné, y compris pour "non-assistance à animal en danger" dans certains contextes locaux (Code pénal, art. 521-1 et suivants).
  • En cas d’accident causé par un animal errant que personne n’a signalé (par exemple, un chien sur la route), la responsabilité d’un citoyen identifié pourrait être recherchée.

Plus largement, témoigner d’une vigilance citoyenne nourrit la confiance entre propriétaires, voisins et associations du territoire. Les retours locaux montrent que 60 % des animaux retrouvés près de Nice sont rapatriés chez eux en moins de 72 h dès que le signalement est fait auprès des autorités compétentes.

Questions fréquentes sur la récupération d’un animal trouvé

  • Un mineur peut-il recueillir un animal trouvé ? Non, seul un adulte peut se charger des démarches officielles auprès des autorités.
  • Peut-on amener l’animal soi-même au refuge ? Oui, mais après signalement à la mairie ou fourrière. Hors de ce cadre, vous encourez un risque d’être considéré comme détenteur illégal.
  • Que faire si l’animal semble maltraité ? En cas de suspicion de mauvais traitements, contactez police, gendarmerie, ou une association agréée (SPA, Fondation 30 Millions d’Amis, Protection animale 06…). Conservez photos et témoignages si possible.
  • Et si l’animal est blessé ? Priorité au vétérinaire. Les soins d’urgence doivent être assurés, généralement aux frais des collectivités. Le vétérinaire dressant un constat officiel.

Récapitulatif pratique : que faire, pas à pas, en cas d’animal trouvé à Nice ?

  1. Sécuriser l’animal et soi-même.
  2. Vérifier la présence d’un moyen d’identification (médaille, tatouage, puce).
  3. Se rendre ou contacter immédiatement :
    • La mairie (services animaliers souvent ouverts même le weekend à Nice)
    • Une fourrière ou un refuge agréé
    • Un vétérinaire (lecture de la puce gratuite et rapide)
  4. Transmettre un signalement sur la plateforme Filalapat ou I-CAD.
  5. En cas de faune sauvage, contacter obligatoirement la LPO ou le centre de sauvegarde régional.
  6. Laisser ses coordonnées pour être informé si l’animal est revendiqué / adopté.

Aperçus locaux et anecdotes : agir, c’est aussi inspirer

À Nice-Est, une habitante signale en 2023 un chat errant auprès de la mairie : récupéré le matin, il était identifié mais son propriétaire venait juste d’être hospitalisé. L’animal a ainsi pu retrouver une famille temporaire, preuve que la démarche la plus "légale" est souvent la plus humaine.

À Saint-Laurent-du-Var, un hérisson blessé a été sauvé grâce à un appel rapide à la LPO 06 : pris en charge dans les 2 heures, il a pu être relâché après soins quelques semaines plus tard. Ces retours "du terrain" illustrent l’efficacité d’une mobilisation consciente du cadre légal.

Aller plus loin pour éviter les abandons et les tragédies silencieuses

Les obligations légales autour des animaux trouvés, parfois vécues comme des contraintes, sont avant tout des outils pour réparer un peu d’invisibilité subie par nos compagnons dans la rue. Chacun, à son niveau, peut faire basculer le destin d’un animal… ou d’une famille fragilisée qui a simplement perdu son chat. Connaître la loi, ce n’est pas seulement éviter des ennuis : c’est aussi donner plus d’écho à une solidarité locale, réactive et juste.

Pour toute question ou urgence, n’hésitez pas à contacter :

  • La fourrière municipale de Nice : 04 97 13 32 75
  • L’OFB (faune sauvage) : 04 93 18 97 28
  • La LPO PACA (Centre de sauvegarde) : 06 12 09 32 23

Ensemble, faisons de la légalité l’alliée d’une protection animale plus efficace et solidaire !

Sources :

  • Code rural et de la pêche maritime (L211-20, L211-25, etc.)
  • Code pénal (521-1 et suivants)
  • I-CAD, Statistiques identification 2022
  • SPA – Statistiques abandons 2023
  • Ville de Nice, Service santé animale
  • https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F2285
  • https://www.lpo.fr/centres-de-sauvegarde

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